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Des solutions

Si rien n’est fait au cours des prochaines décennies, les populations vont se voir privées d’un grand nombre de contributions apportées par la nature (voir L'importance la biodiversité, dans notre chapitre Comprendre), et voir leur qualité de vie dangereusement menacée. Il est donc nécessaire d’opérer des transformations rapides et structurelles, à la fois au niveau personnel et à l'échelle du système économique tout entier.

Des solutions et des actions sont possibles à différents niveaux et dans différents domaines.

Nous avons choisi de vous présenter quelques actions possibles selon différentes échelles : individuelle, collective (impliquant des groupes de citoyens) et politique.

Ces actions sont divisées en 3 catégories : protéger et restaurer la nature ; réorganiser l’économie et la production pour transiter vers des styles de vie plus durables ; éduquer et sensibiliser.

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Protéger et restaurer la nature

Protéger et restaurer la nature

 

 

À l’échelle des décisions politiques

Il est important de pousser nos représentants politiques à lutter davantage, au niveau régional, national et international, pour la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes, en apportant des réponses politiques fortes et contraignantes. Cela passera par des mesures et un cadre juridique solide, mis en œuvre et suivi : interdire l’usage et l’exportation des néonicotinoïdes et autres pesticides dangereux, renforcer la protection des espèces et des habitats les plus sensibles, lutter contre les espèces invasives (voir les propositions politiques de Canopea). 

Certains dispositifs ont déjà été mis en place. Par exemple, le réseau Natura 2000 - décidé au niveau européen et mis en œuvre en Belgique - vise à protéger les sites naturels reconnus pour leur faune et leur flore. Par ailleurs, les aides européennes LIFE soutiennent des projets de restauration de la nature, de développement de la biodiversité et d'amélioration de la gestion de l'environnement, notamment en Wallonie. Il existe également de nombreuses initiatives politiques régionales parmi lesquelles la Stratégie nationale de la Belgique pour la Biodiversité (dont la révision sera terminée fin 2024), le Plan Nature en Région de Bruxelles-Capitale, le maillage vert et bleu à Bruxelles, le Réseau Wallonie Nature, la convention bord des routes qui met en place un fauchage tardif sur la quasi-totalité des communes wallonnes ou encore la subvention BiodiverCité en Wallonie. 


À l’échelle des actions collectives

En tant que citoyen, il est possible de s’impliquer au niveau local au sein d’une des 219 Commissions consultatives communales d'aménagement du territoire et de mobilité (CCATM) ou d’un des 14 Contrats de Rivière, en participant au Réseau Nature de Natagora, à des chantiers de gestion de réserves naturelles, en devenant bénévole au sein d’un CREAVES, etc. 

Il est également possible de participer à des actions de protection de la biodiversité en s’impliquant dans une ZAD (Zone À Défendre), au sein d’un site protégé à proximité de chez vous ou en participant à des actions de sauvetage des batraciens lors de leur migration à la sortie de l’hiver. 

Retrouvez une bonne partie des actions possibles au niveau politique et collectif sur le portail Biodiversité de la Région Wallonne


À l’échelle des actions individuelles

Chez soi, il est possible de mettre en place de nombreuses actions en faveur de la protection et de la restauration de la nature, parmi lesquelles : 

  • arrêter l’utilisation des pesticides et insecticides dans son jardin. Et plutôt opter pour des solutions naturelles (association de cultures, organismes auxiliaires, etc. ;.
  • créer des espaces propices à la biodiversité, comme des mares naturelles qui accueilleront toutes sortes d’amphibiens, d’insectes et de plantes aquatiques, des haies qui protègeront contre les vents mais seront également des abris pour les oiseaux, les hérissons, etc. ou encore une prairie fleurie qui sera utile pour tous les insectes pollinisateurs tels que les abeilles ;
  • différencier la tonte ou laisser des espaces non tondus permettant à de nombreuses espèces végétales de compléter leur cycle de reproduction ainsi qu’à une foule d’insectes d’y trouver refuge ;
  • laisser des zones sauvages où l’on peut laisser du bois mort et où la végétation se développer comme elle veut, favorisant ainsi l’accueil de nombreuses espèces animales. 
  • créer des abris pour les oiseaux ou les insectes en faisant bien attention de ne pas en faire des garde-manger pour d’autres espèces (les placer à des endroits stratégiques pour les protéger des prédateurs) ;
  • lutter contre les espèces exotiques envahissantes qui sont considérées comme la 2ᵉ cause de perte de biodiversité et provoquent le déclin de certaines espèces indigènes ;
  • faire stériliser son ou ses chat(s) car ils ont un taux de reproduction très rapide (un seul couple peut atteindre 5.000 chatons en 5 ans) occasionnant ainsi une surpopulation (chats errants) qui exerce une pression et des déséquilibres sur la biodiversité. Des aides financières à la stérilisation existent notamment à Bruxelles ainsi que dans de nombreuses communes wallonnes. Celle-ci est par ailleurs obligatoire en Wallonie depuis 2017 et à Bruxelles depuis 2018.

 

 

Réorganiser l’économie et la production pour transiter vers des modes de vie plus durables

Réorganiser l’économie et la production pour transiter vers des modes de vie plus durables

 

 

À l’échelle des décisions politiques

Il est indispensable de repenser notre système agroalimentaire, qui est responsable de près de 60% de la perte de biodiversité terrestre et de 40% des émissions de gaz à effet de serre. Il est très vulnérable aux changements climatiques (sécheresses, inondations, tempêtes…) et dépend d’un système d’échange mondialisé. Transiter vers un système agroalimentaire plus local, résilient et respectueux de l’environnement est nécessaire pour garantir un accès à une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour tous à un prix décent. Revoir les principes qui guident notre agriculture passe par une relocalisation des matières premières, une modification des pratiques agricoles en prenant soin des sols et en diversifiant les cultures et une distribution plus locale permettant aux agriculteurs et agricultrices de (re)devenir des allié·es de la biodiversité tout en étant rémunérés décemment. Pour cela, des décisions politiques ambitieuses doivent être prises, notamment au niveau européen dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), en incitant les agriculteurs à diminuer l’usage de pesticide et de fertilisants de synthèse, en diversifiant les cultures et leurs rotations ainsi qu’en subventionnant le déploiement d’infrastructures écologiques (haies, bosquets, mares) ainsi que la production alimentaire sur des plus petites parcelles. L’agroécologie semble aujourd’hui en mesure de répondre à ces défis et de subvenir aux besoins alimentaires de l’humanité. 

Mais ces changements de pratiques agroalimentaires nécessiteront la formation des professionnels du secteur, qui devront également être soutenus par un contexte économique favorable (subventions, lois, taxes, etc.). 

Au-delà de notre système agroalimentaire, c’est tout notre système de production - y compris les infrastructures énergétiques - qu’il faudra modifier, réglementer et doter d’outils techniques et économiques pour en améliorer le bilan environnemental. Des subventions et une législation forte devront être mises en place afin de soutenir ces transitions.


À l’échelle des actions collectives

Il est possible de s’impliquer dans des structures visant à soutenir l’agriculture biologique locale (groupements d’achats, coopératives, etc.) ou devenir membre d’un supermarché collaboratif. Il est également possible de créer des potagers collectifs pour sensibiliser les personnes d’un quartier à la préservation de la biodiversité tout en mettant les mains dans la terre.  L’ASBL Humundi (anciennement SOS Faim) propose 20 manières concrètes pour agir à votre échelle pour une alimentation juste et durable

Afin de repenser l’économie, vous pouvez participer à (ou créer) des Systèmes d’Echanges Locaux (SEL), des repair cafés, des donneries, etc. En relocalisant sa consommation et en la réduisant grâce au réemploi, on favorise une économie circulaire qui permet la réduction à la source (moins d’extraction pour la production), un approvisionnement durable en matériaux, la prévention des déchets, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, etc. qui ont un impact parfois indirect sur la perte de biodiversité. Pour découvrir tous les projets de collectifs citoyens proches de chez vous, consultez cette carte créée et mise à jour par le  Réseau de Collectifs en Recherche de Résilience (RCR2). 

Les initiatives de transition sont également porteuses de bonnes pratiques collectives pour réorganiser l’économie et la production. Le collectif Réseau Transition a développé une carte des initiatives francophones.

Les entreprises privées ont aussi un rôle important à jouer, notamment dans le développement de produits et services durables. L’outil numérique « BiodiversiTree » aide les entreprises à définir des actions en faveur de la biodiversité au niveau de leurs achats, de leurs infrastructures et des territoires physiques qu’elles occupent.


À l’échelle des actions individuelles

Nous pouvons repenser notre consommation et nos modes de vie en adoptant des comportements en faveur de la biodiversité. 

Cela peut passer par la relocalisation de ses achats en allant davantage chercher ses produits auprès de producteurs locaux (fermes, magasins de producteurs, etc.), en favorisant le circuit court, les produits issus d’une agriculture raisonnée ou biologique, les produits en vrac, en diminuant notre consommation de viande, etc. Mais le changement de nos manières de consommer passe également par aussi une réduction du gaspillage alimentaire. En effet, on estime qu’aujourd’hui près d’un tiers de la production alimentaire est perdue ou gaspillée alors que dans le monde près de 30% de la population est confrontée à une insécurité alimentaire grave.

C’est d’abord en termes de besoins et de sobriété que nous devons penser afin d’adopter des modes de vie plus durables et plus compatibles avec les limites planétaires.

 

 

Éduquer et sensibiliser

Éduquer et sensibiliser

 

 

À l’échelle des décisions politiques

Il s’agit d’implémenter structurellement l’éducation à la nature et à l’environnement dans tous les lieux éducatifs, pour tous et tout au long de la vie. Selon une étude récente du Forum des Jeunes, 91 % des jeunes souhaitent plus d’éducation à l’environnement dans leur cursus scolaire. Le Réseau IDée - qui fédère plus 140 associations ayant pour mission principale l’éducation à l’environnement - a rédigé un memorandum reprenant les mesures politiques nécessaires, dont :

  • instaurer un continuum d'Éducation relative à l’Environnement (ErE) obligatoire, tout au long du cursus scolaire ; 
  • intégrer massivement l’ErE dans les prochains référentiels du secondaire supérieur ;
  • intégrer la transition écologique et l’ErE dans les cursus de l’enseignement supérieur, en particulier dans la formation initiale des futur·es enseignant·es ;
  • former à l’ErE les professionel·les de l’enfance, de la jeunesse et du secteur socio-culturel ;
  • augmenter le soutien financier aux associations d’ErE, afin qu’elles accompagnent et soutiennent ces secteurs éducatifs dont l’ErE n’est pas la mission principale. 

Tout cela permettrait à un plus grand nombre de citoyens d’avoir accès à ces actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement. Une meilleure (in)formation, une sensibilisation adaptée, l’expérimentation d’alternatives par l’éducation, mais aussi une éducation aux questions et fonctionnements politiques et à l'écocitoyenneté, sont autant de moyens de permettre aux citoyens de tout âges d’apprendre à lutter contre la perte de biodiversité. 


À l’échelle des actions collectives

Les associations et écoles peuvent initier des projets collaboratifs sur la thématique de la biodiversité. Au niveau scolaire, les écoles peuvent en outre intégrer l’éducation à la biodiversité et à l’environnement dans leur plan de pilotage. Citons aussi les nombreuses initiatives d’écoles du dehors (où l’enseignant·e fait cours en pleine nature), la campagne Ose le vert visant à favoriser la biodiversité autour de l’école, les projets « chemins au naturel » (où les élèves sont invités à adopter un chemin et à y faire des aménagements nature), les écoschools, etc. 

Autre exemple, à l’échelle du quartier, le CRIE de Mouscron a lancé la campagne mangeoires de quartier visant à outiller les habitants pour qu’ils fabriquent et animent une mangeoire pour oiseaux, et sensibilisent leurs voisins. De nombreuses autres actions sont possibles, comme la mise en place de potagers collectifs ou partagés, de composts de quartier, la végétalisation d’espaces urbanisés, la plantation d’arbres fruitiers en libre-service, la construction d’hôtel à insectes, etc. Quand on porte ensemble ce genre de projet, on apprend au contact des autres et on devient porteur d’un savoir que l’on peut transmettre autour de soi. Organiser des visites de son jardin ou de son quartier peut également être une bonne manière de parler de biodiversité.

De nombreuses associations peuvent vous aider à agir pour la biodiversité, près de chez vous (voir les associations membres du Réseau IDée). Et vous pourrez également faire le plein d’idées et de ressources dans le magazine Symbioses.


À l’échelle des actions individuelles

Les enseignant·es, parents et grand-parents sont d’excellents vecteurs de sensibilisation auprès des jeunes et des moins jeunes car il n’y a pas d’âge pour apprendre à prendre soin de la nature. Que ce soit au travers d’animations proposées par des associations, de jeux en famille, de lectures ou de films, il est possible de faire découvrir la richesse et l’importance de préserver notre biodiversité. 

Retrouvez de nombreux outils pédagogiques sur la biodiversité dans la banque de données spécialisée sur notre site web.